Une vidéo de L214 dénonce un scandale sanitaire dans un élevage breton de cochons

Une vidéo-choc de l’association L214 montre des animaux forcés de vivre au milieu de cadavres en putréfaction ou d’ossements, dans une exploitation près de Quimper


C’est une nouvelle vidéo-choc sur l’industrie de la viande. Cette fois, elle ne dévoile pas l’intérieur d’un abattoir, mais celui d’un élevage intensif de cochons, situé à Pouldreuzic, dans le Finistère. Ces images de l’association L214, que Le Monde a pu visionner en exclusivité, révèlent, jeudi 16 mars, les « conditions d’hygiène déplorables » de l’établissement, « engendrant des souffrances intolérables pour les animaux ». L’ONG a porté plainte devant le tribunal de grande instance de Quimper pour maltraitance animale – une peine passible de six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende – et elle a lancé une pétition demandant aux autorités la fermeture immédiate de l’entreprise agricole concernée.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/03/16/scandale-sanitaire-dans-un-elevage-breton-de-cochons_5095235_3244.html#8WHAxMjDrXosYuQE.99
La vidéo a été réalisée fin janvier au sein de l’EARL de Trégonguen, une exploitation de taille moyenne, qui fait naître et engraisse chaque année plusieurs milliers de cochons pour les envoyer à l’abattoir. On y voit des animaux maigres, blessés, malades, voire agonisants. Dans leurs enclos et leurs cases gisent un cadavre de truie en état de putréfaction et plusieurs porcelets morts. Des ossements porcins, notamment de mâchoire et de pied, parsèment le couloir principal.

 
 

« Insalubrité sordide »

Plus largement, les images attestent d’une absence de nettoyage et de désinfection des bâtiments : des excréments jonchent les allées et d’immenses toiles d’araignée couvrent les murs et les plafonds, barrant même les couloirs permettant d’accéder aux salles d’engraissement. Des seringues usagées et des produits vétérinaires périmés traînent sur des étagères, tandis que le matériel chirurgical destiné à la section des queues gît à même le sol.

« Cette insalubrité générale est sordide. L’éleveur ne doit pas contrôler quotidiennement le bon fonctionnement de l’élevage, comme il le devrait. Les animaux sont livrés à eux-mêmes, nourris automatiquement, dénonce Sébastien Arsac, porte-parole de L214, qui prône la fin de toute exploitation animale. Les défauts de ventilation entraînent des problèmes respiratoires pour les animaux, comme en témoignent les médicaments trouvés dans l’élevage. »

« Nous avons aussi remarqué que tous les cochons ont la queue partiellement sectionnée », ajoute-t-il. Cette pratique, utilisée pour éviter que les porcs ne dévorent l’appendice de leurs congénères, n’est pourtant pas autorisée de manière systématique mais seulement lorsqu’il existe des preuves de blessures.

L’association questionne également la surpopulation de certains enclos et leur dénuement qui empêche les cochons « d’exercer leurs comportements de recherche et de manipulation, ce qu’exige la réglementation ». A défaut de foin, de paille ou de sciure de bois, les truies ne disposent ainsi que d’une simple balle reliée à une chaîne métallique. Au bout du compte, l’élevage contrevient à plusieurs directives européennes et arrêtés français relatifs à la protection des porcs et des animaux d’élevage.


 

« Le risque de transmission de dangers ayant un impact sur la santé animale, mais aussi sur la santé humaine, est maximal », prévient la vétérinaire Hélène Gateau, à laquelle l’association a soumis les images. « Comment peut-on laisser des animaux, des êtres vivants, à la charge d’un éleveur visiblement dépassé ? Que font les autorités et les services vétérinaires ? », s’interroge-t-elle.

Contacté par Le Monde, l’éleveur n’a pas souhaité s’exprimer, de même que la direction de la protection des populations du Finistère. Ce sont ses services vétérinaires qui avaient inspecté l’exploitation le 25 mai 2016. Cet élevage est membre de la coopérative Triskalia, cinquième producteur de porc de Bretagne, avec ses 700 éleveurs et ses 1 700 000 cochons commercialisés par an. Le groupe approvisionne le géant français de la viande Bigard, avec lequel il se targue d’avoir développé des filières de qualité (Label Rouge Opale, Bleu Blanc Cœur, etc.).


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