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En Suède, la maison naturelle fait pousser fruits et légumes

Le concept de maison naturelle, entourée d’une serre créant un microclimat, permet d’utiliser l’énergie de l’environnement pour chauffer les habitations. Il s’inscrit dans la dynamique de transition énergétique portée par les pouvoirs publics de ce pays scandinave depuis près de trente ans. (reporterre.net)


À 17 heures, le soleil commence à décliner et la véranda se teinte d’une chaude lumière printanière. Au niveau du toit, les stores électriques se replient complètement pour laisser apparaître une vaste baie vitrée. Elle enveloppe une grande bâtisse en bois aux reflets d’or, simplement nappée d’une couche d’huile de lin. À quelques kilomètres au sud-ouest de Stockholm s’élève la « maison-serre » de Charles et Marie Sacilotto. 300 mètres carrés intégralement entourés d’une vitre épaisse de 4 millimètres. Entre la maison et la structure en verre, une nature, inconnue du royaume scandinave, émerge. Des pousses de tomates et quelques plantes aromatiques étreignent les barres métalliques d’un escalier en colimaçon. Des concombres, mais aussi des figues, mûrissent doucement. Il y a même une petite mare remplie de poissons rouges.

Une idée saugrenue ? Pas tant que ça dans le pays. Sur le plan écologique, la maison permet de limiter les basses températures, et donc de produire tout au long de l’année des fruits et des légumes. Unique dans le pays, mais également en Europe, le concept est issu de l’imagination d’un homme, Bengt Warne, architecte spécialiste de l’écologie en Suède. Dans les années 1980, il est le premier à avoir développé ce modèle de maison « naturelle » — ou nature house, en anglais — dans la banlieue de Stockholm.

« La maison fonctionne comme un capteur solaire »

Jeune français fraîchement installé en Suède, Charles Sacilotto est immédiatement séduit, et décide en 2004 de travailler avec Bengt Warne pour faire construire sa propre maison-serre. « La maison fonctionne comme un capteur solaire qui accumule l’énergie du soleil pendant la journée. » En moyenne, Charles et sa femme, Marie, disent gagner trois à quatre mois de chauffage chaque année. « Dès le mois de mars, la chaleur du soleil suffit à rendre la température agréable à l’intérieur », assure le quarantenaire.

Ancien ingénieur d’EDF à la centrale nucléaire de Cruas, et aujourd’hui professeur de mathématiques physiques et techniques au lycée de Nacka, petite commune de la banlieue de Stockholm, Charles en connait un rayon sur la thermodynamique. Il explique avoir construit sa maison pour qu’elle soit active : « Aujourd’hui, on parle beaucoup des habitats passifs, mais notre maison, au contraire, est plutôt active. » La carapace joue en effet le rôle d’un catalyseur : dès que les premiers rayons du soleil s’infiltrent dans la serre, l’air se réchauffe très vite. « Par temps clair, s’il fait - 2 °C à l’extérieur, nous pouvons atteindre 15 ou 20 °C dans la serre. » En revanche, la différence de température s’évanouit dès que le soleil disparaît. Mais Marie a son idée : « Il faudrait que nous puissions stocker l’énergie solaire, avec du sel liquide par exemple, et là nous deviendrions autonomes en énergie. »

L’autonomie, le couple y pense depuis le début, même si l’objectif initial était simplement de consommer moins d’énergie, pour des raisons évidemment écologiques. Des vignes tissent peu à peu leurs nervures sur un pan intérieur de la façade en verre. Charles est satisfait. En Suède, les raisins ne poussent pas dans les épaisses forêts de bouleaux et de pins. « Nous avons ici des grappes bien sucrées pour faire du jus. Si je travaillais moins, l’idéal serait de cultiver tous les fruits et légumes dont nous avons besoin pour devenir autosuffisants. » Le toit fait pour l’instant office de terrain de jeu. Mais il sera bientôt transformé en potager. Une belle exposition au soleil qui permettra à Charles Sacilotto de faire pousser des melons. En attendant, même s’il continue d’acheter certains produits, il jouit tout de même de certains avantages. « En plus des tomates, des concombres et du raisin, nous cultivons déjà beaucoup d’oignons et de pommes de terre », sourit-il.


Adéquation entre les initiatives locale et les politiques publiques en matière énergétique

Innovante, écologique, la maison de Charles et Marie a bien trouvé sa place dans le paysage suédois. Elle illustre d’ailleurs parfaitement l’adéquation entre les initiatives locales et les politiques publiques en matière énergétique.

Selon une étude publiée par Michel Cuciani dans les études de l’Ifri (l’Institut français des relations internationales) en juin 2016 [1 ], la Suède présente la particularité d’avoir engagé de manière précoce une transition énergétique efficace et durable. « Fin 2014, la Suède pouvait afficher une consommation en énergie finale à 52 % d’origine renouvelable. (…) En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, le pays présentait en 2013 la plus faible empreinte carbone de l’Union européenne, aussi bien au regard de son PIB que mesurée par habitant », écrit l’auteur.

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